Publié le mardi 11 juillet 2023
Le dimanche 2 juillet, aux premières lueurs du jour à Deauville, Benoit David, embarqué à bord du bateau de Damien Fleury, avec qui il a formé un beau duo, a franchi la ligne d’arrivée de la course 2 de la Mini Calvados Cup, sa première en classe Mini. Epuisé par cette double traversée de la Manche et trente-six heures de navigation intenses, le skippeur unijambiste, qui prendra la barre du Mini 6.50 de l’association Des Pieds et Des Mains début 2024, a vécu un baptême mouvementé. Il revient aujourd’hui sur cette expérience marquante, qui lui a certes fait un peu froid dans le dos, mais lui a surtout mis l’eau à la bouche !
Benoit, avec quelques jours de recul maintenant, peux-tu nous raconter cette première course pour toi sur le circuit Mini ?
"C’était un baptême difficile, dans des conditions éprouvantes, avec une mer formée, un vent soutenu et pas mal de pluie, surtout au départ. J’ai donc été un peu cueilli à froid, au propre comme au figuré, mais au moins je n’ai pas perdu de temps en termes d’apprentissage. Je suis tout de suite entré dans le vif du sujet ! Ces trente-six heures de course m’ont permis de mieux connaître et comprendre le bateau, grâce aux précieux et nombreux conseils de Damien (Fleury) qui maîtrise sa machine à la perfection. Le Pogo 3 est une vraie bombe mais c’est un sous-marin. Il charge des tonnes d’eau, au près, au portant, au travers. Au bout de deux heures de course, j’étais déjà trempé jusqu’aux os et je grelottais. À ce moment-là, j’ai compris que ça allait être long… Et puis j’ai été malade, j’ai eu du mal à m’amariner. Pour ne rien cacher, j’ai donc vécu le franchissement de la ligne d’arrivée (ndr : en dixième position) comme une délivrance. Alors oui, j’en ai bavé, mais ça reste une super expérience. Longer les côtes anglaises et l’île de Wight dans ces conditions musclées, c’était dur mais c’était magnifique !"
Résultats de la course sur classemini.com
Tu as donc malgré tout réussi à prendre du plaisir ?
"Oui, j’ai vécu quelques moments magiques. Sportivement déjà, lorsqu’on s’est retrouvé en tête à la première marque de parcours. C’était grisant ! Malheureusement, une erreur à la deuxième bouée nous a coûté une dizaine de minutes et autant de places. Et puis naviguer à ces vitesses-là, à plus de quinze nœuds parfois, pour moi c’était juste waouh ! Mais je garderai surtout en mémoire la traversée retour de la Manche. À la tombée de la nuit, on naviguait au portant, sous spi, avec le soleil qui se couchait dans notre dos et la lune, presque pleine, qui se levait droit devant nous. J’ai kiffé l’instant, surtout à la barre ! Même avec un seau d’eau sur la tronche toutes les trente secondes (rires)."
Comment s’est organisée la vie à bord avec Damien Fleury ?
"Damien était le skippeur, c’était donc lui qui prenait les décisions. Moi, en tant qu’équipier, j’étais là pour l’assister, mais j’ai participé à chaque manœuvre : je prenais les ris dans la grand-voile, je choquais les écoutes de génois, je m’occupais des bastaques, je le relayais à la barre… J’étais tout sauf spectateur ! De jour comme de nuit, malade ou pas, j’ai tenu mon poste. J’ai aussi pris soin d’observer chacun de ses gestes lorsqu’on était ensemble sur le pont. J’ai tout décortiqué et posé plein de questions. Et même si Damien a tout de suite été dans son match, en mode guerrier, il m’a donné plein d’explications. C’était vraiment enrichissant."
Qu’est-ce que tu as ressenti au départ ?
"Il y avait un petit peu d’anxiété, un peu de fierté et surtout beaucoup d’excitation. J’ai le sentiment d’avoir mis le pied sur un circuit unique. Quand tu vois tous ces skippeurs qui préparent eux-mêmes leur bateau, l’entraide qu’il y a entre eux, l’ambiance amicale qui règne sur les pontons, ça donne envie d’en être ! En même temps, j’ai aussi découvert ce qu’était le professionnalisme. Damien et tous les autres préparent leur course sans rien laisser au hasard : la météo, le bateau, la tactique… Moi, le petit nouveau de la classe, j’étais un peu impressionné. En tout cas, tout le monde m’a super bien accueilli. J’ai échangé avec plein de femmes et d’hommes animés par la même passion. Je suis impatient de les retrouver."
Quelles sont maintenant les prochaines échéances pour toi ?
"Cet été, je vais faire naviguer de nombreuses personnes handicapées et valides avec mon école de voile Marcher sur l’eau, à Hyères. Je suis d’ailleurs en train de finir de préparer le bateau. Puis, en septembre, après la reprise de mon boulot d’éducateur sportif, au centre médical et de réadaptation de Toulon, je vais débuter mes premiers entraînements avec le coach Hervé Aubry, au Pôle Mini Course au Large de la Turballe. Il y aura surtout des stages théoriques dans un premier temps, mais on en profitera certainement pour naviguer. Ça sera une période charnière pour moi, avant de me consacrer à plein temps au projet de l’association Des Pieds et Des Mains et de la Fondation d’entreprise OCIRP, début 2024."